dimanche 18 mai 2025

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

                          

 

MIROIR DE SOI 



                     

Le miroir ne ment jamais
Il t’invite à te voir tel que tu es,

Mort ou vivant,

Au septième ciel

Ou au trente-sixième dessous.
Il te déshabille du regard,

Fait sauter ton masque

Et sans vergogne

Brise ton ego.
          

                             Colette

 

 

                                                                                      

                                                                                     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Flânerie

 

C’est un dimanche de février dans une petite ville de province, les rues se sont vidées, de gros nuages noirs crachent tous les chagrins du monde. Et ça mouille très fort.

C’est une gare engourdie par un froid piquant, la façade n’en peut plus de se rider comme une vieille peau. Et ça lézarde son corps, lui donne des airs de vieille dame abandonnée.   

C’est un quai cafardeux comme tous les quais de toutes les gares du monde, ça va, ça vient, ça pue le chien mouillé, les aisselles détrempées, la pisse de chat. Et ça donne la nausée.
C’est un train qui entre en gare. Et ça débarque et ça embarque des histoires de vie à n’en plus finir…

 

 

Emma monte dans la dernière voiture, celle qui regarde l’envers du décor et suit le train-train. Avec son long manteau de laine écru, son petit bonnet rouge et ses hautes bottes fourrées, elle attire les regards, l’élégance lui colle à la peau. Et ça la rend désirable.

Elle a failli le rater, ce train de 17 h12. Tout l’après-midi, elle a flâné au marché des antiquaires, s’est attardée ici et là devant les couverts en argent, les lettres manuscrites, les baigneurs des années 1900, les missels aux pages dorées à la feuille d’or, les boites à musique où les ballerines en tutus tournoient à en avoir le tournis. Mais rien ne l’a accrochée vraiment jusqu’à cette petite échoppe qui regorgeait de vases en porcelaine, de bagues et de broches, de montres à gousset et de médailles. Un désordre bien ordonné où chaque chose se laissait désirer.

Derrière des nappes brodées, un miroir semblait l’observer. 

Elle s’est approchée et a senti un frisson la traverser. La météo n’y était pour rien. 

Le miroir avait ce petit quelque chose d’aristocratique et de raffiné, un visage piqueté de taches de rousseur, auréolé de volutes dorées et un corps aux courbes prononcées qui lui donnait l’allure d’un dandy. Les yeux dans les yeux, ils se sont regardés. Un moment suspendu dans le temps. Entreprenant, il lui a soufflé à l’oreille : « Vous avez, Madame, une grâce sans pareille ! »  Elle a rougi, a baissé les yeux puis a chuchoté : « Vous êtes un beau séducteur, vous ! »  

Le vendeur, habitué des coups de cœur, n’a rien perdu de la scène. 

-       Je vois que vous avez bon goût, ma petite dame ! Vous avez trouvé la perle rare !  

-       Peut-être. A combien me le faites-vous ?

-       Un objet baroque Louis XV d’une telle classe ne se brade pas, mademoiselle ! 

Elle a ajusté son sourire et a osé :

-       Et pour moi, vous ne feriez pas un petit effort ?

-       Désolé, je lui enlèverais toute sa valeur !

Vendeur dans l’âme, il a posé l’objet entre les mains de la jeune femme. 

Elle a senti des vibrations parcourir ses doigts, c’était un signe.

-       Vous lui avez tapé dans l’œil, ça saute aux yeux ! Et je peux vous dire que je m’y connais en séduction ! Vous voyez la petite lumière qui clignote à gauche? Dans notre jargon, on l’appelle « un clin d’œil ». C’est très rare !

A l’autre bout de l’échoppe, un couple d’Anglais a interpellé le marchand. How much for this candlestick, please ? 

Laissant la jeune femme à sa réflexion, il a ajouté :

-       Je reviens à vous tout de suite ! 

Les mains d’Emma se sont affolées, ont tremblé sous le regard troublant du miroir. En vérité, elle avait le coup de foudre. Et quand un capricorne aime, il aime même si ça lui coûte cher. 

Et si… Non, c’était insensé… Elle a entendu sa petite voix lui dire : « Emma, tu joues avec le feu ! » Mais c’était lui qui la mettait dans cet état, elle ne contrôlait plus rien ! Alors, d’un geste vif, elle a plongé l’objet dans son sac à main et a filé en douce.

Le train de 17 h12 ferme ses portes. Emma se laisse aller contre le dossier du siège. Son sac serré contre elle, elle se surprend à sourire. Le miroir aussi.

 

***

 

La rumeur

 

Elle a mal dormi, a ruminé durant des heures, s’est retournée cent fois sur l’oreiller et a fini à terre sur la carpette quand un policier l’a surprise la main dans le sac et l’a exhibée sur la place publique, menottes aux poings, en criant au scandale. Pour couronner le tout, sa petite voix a ajouté son grain de sel : « Ça ne te portera pas bonheur, ma fille ! »

Le réveil sonne. Elle lui exploserait bien la tête. Elle est en nage. 

La douche et le petit coup de blush ne suffisent pas à lui redonner un coup d’éclat et le café serré a du mal à la remettre d’aplomb. Pourtant, elle n’a pas une minute à perdre, Madame Lagrange vient à 11h pour l’essayage de son Fedora.

Dans l’atelier, Louis XV a trouvé sa place sur la petite commode face à une bergère. Il trône, entouré des créations d’Emma : chapeaux cloches, canotiers, bibis, bérets, capelines, serre-têtes et panamas. 

Le séducteur est aux anges. « C’est un grand honneur, Madame, que d’avoir été l’objet de votre larcin ! »

Alors qu’Emma coud une bande de satin sur un chapeau en feutre, le portable s’époumone. Elle jette un coup d’œil à l’écran, le nom s’affiche.

     Mademoiselle Pasquier, ici Georges !

Le visage de la jeune femme se rembrunit, les appels de son comptable sont souvent déprimants. 

 

 

     Tout va bien, Georges ? 

     C’est un euphémisme, mademoiselle ! J’ai vérifié vos comptes et ils n’ont pas bonne mine !

     Vous me faites peur, Georges !

     J’ai revérifié deux fois mes calculs, mais je vois rouge ! 

     Qu’est-ce que vous voulez dire concrètement ?

     Que vous avez largement dépassé le découvert !

Emma porte une main à son front. Elle sait que le mois dernier elle a craqué pour de l’abaca, de la soie des Indes, de l’organza et des plumes exotiques, tout ce qui sublime les chapeaux. 

     Mais, je n’ai rien de côté en ce moment pour combler le trou ! Les clientes paient le solde en fin de parcours. Elles n’achètent pas un chat dans un sac, Georges !

     Et pourquoi pas ? Résultat des courses, vous voilà dans le pétrin !

     Un petit découvert peut vite être renfloué, non ? 

     Petit, petit, c’est vous qui le dites ! Vous risquez même la saisie !

Et le comptable enfonce le clou. 

     Le bruit court que vos fournisseurs vous tournent le dos ! 

     La Monnaie doit me contacter pour la prochaine saison, alors…

-       Les promesses ne nourrissent pas, mademoiselle ! A moins de faire un casse, il vous faut trouver des liquidités rapidement. 

Peut-être que votre père….

     Plutôt me prostituer, Georges !

     Oublions… Alors, il vous reste à user de vos charmes auprès de la banque, mais ce sera sûrement temporaire, restons réalistes !

     Mon petit Georges, vous êtes le seul à pouvoir me sortir de ce merdier ! L’atelier, c’est mon bébé, vous le savez !

 

Emma peine à respirer. Depuis longtemps, elle se leurrait, croyait être l’étoile montante. Du vent, ce n’était que du vent ! 

Elle s’enfonce dans la bergère. Louis la déshabille du regard. Elle est là, mise à nu, en proie à ses doutes, ses failles, ses rêves envolés.

Peu à peu, l’image se voile et une autre Emma surgit, celle de son enfance, mal aimée, rabaissée. La petite grosse, l’accident, la bonne à rien, la honte de la famille.

Une larme s’apprête à couler quand, tout à coup, la petite lumière clignote sur la gauche. « Rappelez-vous, Madame, que les roses se relèvent toujours après l’orage ! »

La jeune femme hausse les épaules et soupire. Elle est dans le trente-sixième dessous. La petite voix tourne en boucle : « Tu te prenais pour quelqu’un, mais tu n’es personne, ma fille ! Personne ! »

 

 

Le ciel d’une couleur sale filtre à travers le voilage de l’atelier et dessine des ombres sur les murs. Les tables garnies de rubans de soie, de dentelle, de maille de crin et de tulle semblent figées, les chapeaux posés sur leurs supports sont effondrés.

La sonnette retentit. Emma enfile un sourire. Show must go on.

 

***

 

La magicienne

 

Sur le seuil, une femme. Une jeune femme emmitouflée dans une parka. Sous son parapluie, un foulard fleuri et deux yeux menthe à l’eau. 

Emma ne peut se détacher de ce regard qui raconte une histoire. Un arrêt sur images, un film muet. Des mots suspendus, inutiles. Puis, la bobine s’anime à nouveau. 

-       Entrez madame ! 

La dame balaie la pièce du regard. Silence. Long silence respecté par Emma. Puis…

-       J’ai mis du temps à franchir la porte de votre atelier, je vous l’avoue. Depuis des jours, je me dis : « Vas-y, mets ton orgueil de côté ! »

Emma ne comprend pas vraiment la teneur du message, mais qu’importe !

-       Asseyez-vous, madame ! 

La jeune femme s’assied sur le rebord du fauteuil, face à Louis. Si elle s’écoutait, elle partirait comme elle est venue.

D’une voix douce, Emma tente de détendre l’atmosphère. 

-       Vous avez fait le premier pas.

Un sourire triste traverse le miroir. Louis le capte discrètement. 

Emma s’assied à ses côtés tandis qu’un long silence s’installe, un silence bruyant comme celui de son enfance qui ne présageait rien de bon. 

-       Vous allez comprendre. Regardez…

La jeune femme laisse lentement glisser son foulard. 

-       Les choses sont claires, n’est-ce pas ? 

-       Oui, je comprends, c’est difficile à accepter. 

Des larmes silencieuses coulent en silence le long du visage défait. Puis…

-       Si je vous disais que j’ai brisé le grand miroir que j’adorais, celui qui me venait de ma grand- mère. Il me renvoyait l’image d’une presque morte. 

Louis redresse les sourcils. « Plaise au ciel que Madame ne se résolve point à un pareil acte ! »

Emma sait à l’instant qu’elle a un rôle important à jouer. 

-       A deux, nous allons faire des merveilles !

La cliente fixe le miroir et se mord les lèvres pour ne pas pleurer. 

Le silence se tait encore. 

-       Quand on dirige une crèche, qu’on met tous les atouts de son côté pour garder le cap et qu’un jour, le crabe frappe à la porte et vous dit froidement : « Vous n’avez pas bonne mine ! », la vie s’arrête !

Louis acquiesce en lui renvoyant la vérité toute nue, celle qui atteint l’être au plus profond de lui-même. Même s’il se sent coupable, il est conçu pour jouer ce rôle, c’est ainsi.

Emma pose délicatement les mains sur les épaules de sa cliente. Le contact physique dit autant que les mots.

Zoé se libère du poids qui l’étouffe.

-       J’ai fait le bilan de ma vie. Je me suis dit : Zoé, tu es tombée dans le trou, tu ne peux pas tomber plus bas, mais tu as le choix. Y rester ou remonter. Je n’ai pas encore choisi. 

Emue, Emma se sent en symbiose avec elle. Elle aussi a ses problèmes, mais que représentent-ils face à la maladie ? Rien. Absolument rien.

-       Nous sommes deux, je vous l’ai dit. A deux, on peut déplacer des montagnes, aussi hautes soient-elles ! Fermez les yeux et faites-moi confiance ! 

Louis observe Emma du coin de l’œil. « Madame trame quelque dessein sous le voile de ses pensées ! » 

La modiste pose un tissu lumineux, souple et délicat sur la peau nue, le courbe, l’étire, l’entortille, le bouchonne et l’ajuste pour qu’il fasse corps avec la tête. 

-       Et voilà ! Vous pouvez ouvrir les yeux ! Il nous reste à demander l’avis de mon miroir fétiche qui ne ment jamais ! 

La peur se lit derrière les paupières de la jeune femme. Hésitante, elle affronte Louis. Leurs regards se croisent, s’étudient, s’analysent. Une dissection au scalpel. 

Le résultat ne se fait pas attendre. Une femme neuve vient de naître sous les doigts d’une artiste qui ne croyait plus en elle. Sous son chapeau, elle est belle. 

-       Vous êtes une magicienne ! disent deux yeux clairs.

Dans l’oreille de la modiste, une petite voix souffle « Chapeau, ma fille ! »

Un rai de lumière pénètre le miroir et le renvoie à Emma. 

 

***
Il y a quelqu’un ?

 

La pleine lune n’en finit pas de mettre tout sens dessus dessous. 

Des têtes nues jaillissent de chapeaux, s’enlacent, s’entrechoquent, rebondissent sur les murs, s’alignent au plafond puis s’écrasent au sol avant d’entamer une course endiablée dans le cœur de Bruxelles. Et ça claque sur les pavés de la Grand-Place. En tête du cortège, le père d’Emma. Il porte fièrement le turban de Zoé tandis que la petite voix s’égosille : « Portez ! Adoptez ! Renaissez ! » 

 

Emma bondit en dehors du lit. Elle est en sueur, haletante, vidée de toute énergie. Elle a l’impression d’avoir couru deux marathons. 

La tête dans un étau, l’estomac à l’envers, elle fait l’impasse sur le petit déjeuner. Son corps dira non à tout tant que ses problèmes d’argent ne seront pas réglés. C’est ainsi depuis l’adolescence. 

Quand les mauvaises notes pleuvaient et que son père lui crachait des phrases assassines « T’as vraiment un petit pois dans la tête ! », elle n’avalait plus rien durant des jours.

Ces mots, elle a essayé de les rayer de sa mémoire, mais ils sont tatoués à jamais sur sa peau. « On ne guérit pas de son passé, on apprend juste à vivre avec ses cicatrices » lui a susurré sa petite voix. Une petite voix, ça a toujours raison !

Elle traîne dans l’atelier, marche de long en large comme une petite fille perdue sans personne sur qui se reposer. Si sa mère était encore là…mais là-haut, les messages ne passent pas la barrière.

Le comptable, lui, est aux abonnés absents. Emma ne s’en étonne pas. Georges joue toujours à l’autruche après avoir crié Au feu. Les factures pleuvent, les fonds sont à sec, tout va très bien, Madame la marquise !

Elle s’affale sur le fauteuil face au miroir, incapable de regarder son reflet. Elle sait qu’elle a une mine de déterrée et des valises sous les yeux, d’ailleurs elle les bouclerait bien ses valises. 

-       Je n’ai plus qu’à balancer tout par la fenêtre, tissus, rubans, plumes, fleurs et chapeaux ! 

Louis réagit :

-       Que nenni, Madame !  Ce serait là un geste regrettable !

-       Au point où j’en suis, pourquoi pas faire un casse ? 

Il la mange des yeux, elle est encore plus belle quand elle se rebelle.

-       Madame, voilà un tableau qui ne sied guère à la bienséance ! 

Fiez-vous à mon expérience, il est des rencontres qui bouleversent le cours d’une existence. 

Emma hausse les épaules. 

-       Et je vais la trouver où, cette perle rare ?

-       Il ne tient qu’à vous d’ouvrir les yeux, Madame !

 

Quelques jours plus tard, Zoé entre dans l’atelier avec une assurance nouvelle. Vêtue d’un manteau élégant assorti à son turban, on la croirait sortie d’un magazine de mode.  

-       Madame, je ne pouvais pas attendre plus longtemps pour vous raconter !

-       Asseyez-vous, vous m’intriguez ! 

-       Depuis que je porte votre turban, je ne suis plus la patiente du service oncologie, je suis Zoé tout court. 

-       Un bien joli nom ! 

-       Savez-vous que je fais un tabac dans le service ! Tout le monde veut savoir où j’ai déniché ce petit bijou. Même les infirmières en sont folles !

Le moral de Madame devrait retrouver sa splendeur ! songe Louis.

Emma voudrait se réjouir mais le mot FAILLITE défile sous ses yeux comme les sous-titres d’un film.

Zoé sort un petit carnet.
         - Regardez, j’ai noté les coordonnées de celles qui veulent vous rencontrer. Elles voudraient des créations sur mesure comme le mien !


Les yeux rivés sur la liste, la petite modiste sent une chaleur monter dans sa poitrine.

-       Cela me touche beaucoup !

-       Vous m’avez rendu mon identité. Elles aussi veulent ressentir la même chose.

Avant qu’Emma ne puisse se laisser emporter par l’idée, un bruit sec retentit à l’arrière de l’atelier. Toutes deux sursautent. Emma s’empare de ciseaux et avance prudemment vers le débarras. Un courant d’air froid caresse sa nuque.        

-       Il y a quelqu’un ?

Pas de réponse. 

Elle s’approche d’une étagère bancale où sont empilées des boites de tissus. Une des boites est éventrée sur le sol. 

 

*** 

Le loup et l’agneau

 

Emma file à pas feutrés vers la cour extérieure. Personne. Mais des traces de pas sur les dalles ne laissent aucun doute, quelqu’un a escaladé le muret. 

« Encore un petit malfrat qui voulait monnayer ses joints ! Il s’est trompé de banque! » maronne sa petite voix.

Zoé, arrivée en renfort, y va de son évaluation.

-       Du 44 , j’en mettrais ma main à couper !

Tandis que le souffle du vent joue avec les plumes et les éparpille dans la pièce, Emma ne bouge plus, figée devant ce désordre qui soudain prend le goût du passé. Un film se déroule devant ses yeux, un film qu’elle seule a vu, un film dont elle en était l’héroïne. Et ce, malgré elle. Le visage blême, les mains tremblantes, elle s’agenouille devant la boite en velours de soie.

-       Tout va bien, madame ? 

Aucune réponse. 

Une version revisitée de la princesse au petit pois défile sur l’écran. Emma a neuf ans, peut- être dix. Ça sent la térébenthine et le bois vert dans le garage. Son père, penché sur son établi, trie les plumes récoltées au hasard de ses balades et de ses échanges. Depuis des semaines, il lui apprend comment les reconnaître :  l’oie pour sa douceur, le geai pour son élégance, le faisan pour sa magie des couleurs, le paon pour…. 

Mais ce matin-là, le visage du père est fermé, ses gestes sont brusques et ses paroles, n’en parlons pas. Si, parlons-en ! 

Il serre dans sa grosse paluche une douzaine de pennes. A la façon dont il les maintient, on le prendrait pour un magicien qui déroule un jeu de cartes. D’une voix rauque et cassante, il lui lance :  

-       A toi de trouver la plume de colvert mâle. Observe bien avant de me répondre. Tu sais que tu n’as qu’une seule chance !  Et surtout, ne te trompe pas ! 

Les yeux écarquillés, Emma lève les sourcils, se mord les lèvres, hausse les épaules de façon compulsive, puis enroule longuement une mèche de cheveux dans ses doigts. Elle a l’impression de chercher une aiguille dans une botte de foin. Elle sait que les mâles ont des couleurs vives, mais pour le reste, c’est un sacré méli- mélo dans sa petite tête.

-       On ne va pas y passer la nuit ! grogne l’homme. 

Les yeux noirs du père rencontrent ceux de l’agneau dévoré par la peur, la peur de se tromper, la peur de décevoir.  Alors, l’enfant tire dans le tas pour clore le supplice et d’un air inquiet lève lentement une plume  … une plume de paon.                           

Un rire gras s’échappe de la bouche du collectionneur pendant qu’un poing de boxeur s’écrase sur l’établi. 

-       C’est bien ce que je pensais !  T’as vraiment un petit pois dans la tête, ma parole !  Et il grossit à vue d’œil, je te le dis ! Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire de toi ?

Emma se bouche les oreilles. De gros sanglots secouent son corps quand le mot FIN apparaît sur l’écran.

-       Que se passe-t-il, madame ?

-       Juste une vieille histoire, Zoé ! 

Au fond de la boite, deux yeux de paon la dévisagent. La petite fille fait face à la plume enfouie depuis longtemps dans son coffre à secrets.

Elle s’en empare comme d’un doudou que l’on retrouve après une longue absence. 

Zoé s’approche et la relève. Elle ne lui pose pas de question, se contente de s’extasier devant la plume.

-       Quelle merveille ! Elle doit venir de loin !

-       On se revoit un peu plus tard, Zoé ? Merci de votre visite !

 

En voyant réapparaître Emma dans l’atelier, Louis comprend que quelque chose d’important s’est passé. Elle tient fermement la plume contre sa poitrine et s’assied face à lui. 

Des vibrations modulent le silence puis les mots se libèrent peu à peu.

-       Je vous sens toute chose, Madame et je lis dans vos yeux l’émotion qui vous gagne.

-       Le passé m’a rattrapée, Louis. Je serai toujours la princesse au petit pois !

-       Une princesse au petit pois est éveillée à ce que d’autres ne voient pas. Et si ce passé vous pèse encore, laissez-moi être la main qui soulève le matelas, Madame ! 

 

*** 

 

Le visionnaire

 

C’est une nuit sans lune, sans étoiles, une nuit où les cauchemars surgissent des tiroirs en faisant les quatre cents coups. La pointure 44 fait la roue devant Zoé, le gant de boxe fracasse le visage de Louis sous le regard impassible de l’œil de paon et, hilare, le comptable, transforme les factures en confettis pour s’en faire un chapeau melon. 

Le cœur battant, Emma se redresse en sursaut. L’angoisse lui serre la gorge, lui comprime la poitrine, elle n’a qu’une envie :

Tirer les rideaux, 

Ouvrir la fenêtre,

Avaler de grandes lampées d’air frais. 

Prendre une douche,

Noyer les images,

Descendre à l’atelier

S’assurer de l’état de Louis,

Avaler lentement un café serré,

Lire les messages sur son portable. 

 

Grand moment d’effroi. Elle plaque une main sur sa bouche, devient livide, s’assure d’avoir bien compris le texto glacial plaqué sur l’écran. Par-dessus son épaule, la petite voix donne son opinion : « Non, ce n’est pas possible, Emma ! Ne me dis pas que tu as oublié ! Dis, tu veux finir à l’échafaud comme Marie-Antoinette ? »   

Emma se tient la tête entre les mains, elle en assez d’entendre cette donneuse de leçons. Elle est adulte, non ? Alors, d’un geste vif, elle repousse la tasse de café qui s’écrase au sol en décorant son pantalon écru. Elle hausse les épaules et profère tous les mots interdits dans la bonne société. Pfiou …. Ça fait un bien fou !

Soulagée, elle s’installe face à Louis comme une petite fille dans un confessionnal. Louis la regarde, l’œil inquiet. 

-       Que vois-je ? Votre mine est bien chagrine, Madame !

-       Je ne m’en relèverai pas, Louis ! 

-       Daignez m’en instruire davantage pour que je puisse vous porter secours, Madame!

-       Voilà… Hier j’ai oublié le rendez-vous de 14h  avec le directeur de la Monnaie. Je devais lui présenter mes projets pour Carmen. C’est une catastrophe, Louis ! 

Sans prévenir, le tiroir s’empare de la mauvaise nouvelle. Elle alimentera les nuits de lune de sang. C’est du lourd, il se régale d’avance !

La petite voix intervient : « Et si un beau gros mensonge arrangeait l’affaire? Tu es experte en la matière depuis longtemps, non ? Un début d’incendie, une gastroentérite, une panne Internet, ton père retrouvé mort … »

-        Il est déjà enterré depuis longtemps dans ma mémoire, mon père !

-       Il est impératif que vous agissiez avec diligence et habileté, Madame ! conseille Louis.

Tandis que ses yeux balaient le plafond de droite à gauche, il toussote. « C’est la technique des visuels » snobe la petite voix. 

-       Madame, une idée des plus ingénieuses me vient à l’esprit. Le destin a placé entre vos mains une plume de paon, sachez en tirer tout le lustre qu’elle promet !

L’œil de paon posé sur la commode acquiesce d’un regard enjoué. Une ébauche de sourire se dessine alors sur les lèvres d’Emma.     

-       Louis, vous êtes un visionnaire, que serais-je sans vous ?

-       Hâtez-vous de vous entretenir avec la direction et faites-lui savoir que vous tenez entre les mains la clé du triomphe de Carmen !

Tremblante, Emma forme les chiffres sur le portable. Le jeu de ses doigts n’a jamais été aussi lent.  

-       Allo, la Monnaie ? Ici Emma Pasquier, modiste. J’avais rendez-vous avec la direction. 

-       Un instant, je vous prie…

 

Petite mise en attente sous la musique hypnotique du Boléro de Ravel. Dix longues minutes à se vider l’esprit sous l’emprise de la caisse claire, des cordes pizzicato et de la flûte. Le temps s’arrête de courir, prend une pause.

-       Allo, madame Pasquier ? Le directeur, à l’appareil… J’irai droit au but. Je crois que votre absence d’hier a marqué votre désintérêt pour notre collaboration. Sachez que la créativité se nourrit de rigueur et de ponctualité. Vous avez brisé un contrat tacite, madame.

La voix est froide, distante, déterminée. 

-       Monsieur Gaetano, croyez bien que tout ceci est un malheureux concours de circonstances ! Donnez-moi UNE seule chance de vous prouver que je tiens entre les mains la clé du triomphe de Carmen.

Louis lève le pouce et cligne de l’œil. 

 

***

 

La dernière carte

 

Perdu au milieu de dentelles, d’organza et de soie, le crayon noir se pose sur la feuille blanche, hésite d’abord puis glisse, court, danse et entre en transe. 

Un spectacle de haut vol. Emma a du mal à suivre le rythme des idées qui déboulent de sa tête. Les esquisses se suivent, mais finissent toutes en boulettes de papier pour atterrir dans la corbeille.

-       Je suis nulle, nulle, archi nulle ! C’est du déjà vu ! 

Louis fronce les sourcils, croise les bras.

- Nulle ? Vous, Madame ? Si votre esprit se trouve dépourvu d’imagination, alors je ne me nomme point Louis ! Auriez-vous omis d’ouvrir le bon œil ?

- Je veux de l’audace, de l’innovation, rien d’autre ! Pour être irremplaçable, il faut être différente, Louis ! C’était le slogan de Coco Chanel.

Le regard de la modiste tombe alors sur l’œil de paon qui semble lui faire les yeux doux.

-       Louis, tu perçois ce que les autres ne voient pas encore. Tu es mon troisième œil !

Il acquiesce d’un signe de tête digne des grands monarques.   

-       Monsieur Gaetano va nous dérouler le tapis rouge ! 

Et quand un Capricorne se met en tête de terminer les croquis le soir-même, pas question de déranger. Le comptable choisit pourtant l’heure de midi pour faire état de la situation. Autant dire qu’il a intérêt à être bref car l’inspiration s’envole en moins de deux.

Le ton est plus que sec, pour ne pas dire hostile.

-       Bonjour Georges, je vous croyais mort ! Pas de nouvelle, bonne nouvelle, dit-on !

Un silence glacial s’installe. La température de l'atelier a chuté de quelques degrés. 

-       Mademoiselle, après avoir revérifié les comptes, je me suis aperçu que…

Décontenancé, l’homme ne trouve plus ses mots. 

-  Accouchez, Georges ! 

         - Voilà… Figurez-vous que…

- Que quoi, Georges ? Que vous vous rendez compte de votre incompétence ?

Louis la fusille du regard. Georges, lui, fulmine. 

- Si vous voulez passer votre mauvaise humeur, cherchez un autre pigeon ! Au revoir, Mademoiselle ! 

- Excusez-moi, Georges, mes paroles ont dépassé ma pensée ! Quand je crée, je suis invivable, je le sais.

Un silence lourd de reproches brouille la ligne. Emma prend les devants :

-       Je vous écoute, mon petit Georges !

         -   Bon… Vos projets avec la Monnaie se concrétisent ou pas?

         -   C’est en bonne voie. 

-       Je vais jouer la dernière carte, sinon les carottes sont cuites ! Envoyez-moi une procuration et priez le Ciel qu’un miracle se produise ! 

Emma redevient la petite fille docile de huit ans.

-        Mon avenir est entre vos mains, Georges !

Piqué au vif, Louis se mure dans le silence. 

 

Tout le reste de la journée, Emma s’affaire à rendre Carmen, Don José, Mercedes et toute la troupe inoubliables. C’est dans le détail que se révèle l’excellence ! lui rabâchait son père quand elle ramenait ses notes. Les mots étaient rugueux, cassants, mordants, ils lui abîmaient le cœur mais c’était de l’ordre de l’invisible. Aujourd’hui, ces mots, elle les veut porteurs de réussite.

La voix de Zoé l’interrompt dans ses pensées. 

- Je passe en coup de vent. Vous ne me croirez jamais, Madame Emma, mais à l’hôpital, vous êtes devenue la coqueluche du service et les échos grimpent aux étages ! En plus, le directeur médical veut vous rencontrer.

- Mon petit doigt me dit que vous y êtes pour quelque chose, Zoé !

         -  Moi ? Je file, on m’attend !

Louis, en grand seigneur, reste de marbre.

Le portable sonne. Un numéro inconnu s’affiche.

-        Madame Pasquier ? Ici, le docteur Martin, directeur médical. J’ai reçu une lettre très émouvante de Zoé qui me dit que vous avez changé sa vie !    

Emma reçoit les mots comme un cadeau.

-  J'ai essayé de l'aider à accepter, c'est tout. 

- C’est une innovation remarquable qui montre votre humanité, Madame ! De nos jours, cela fait parfois défaut. J'aimerais vous rencontrer pour discuter de votre projet et peut-être le proposer  auprès de la Fondation qui alloue les fonds et ainsi améliorer le bien-être de nos patients.  

- J’en suis très touchée, docteur ! 

- La campagne de communication interne est chose faite. Zoé a même conquis le personnel ! Je vous attends demain dans mon bureau, Madame Pasquier ! 

Louis essuie une larme. 

 

***

 

La petite robe noire

 

Emma a compté les moutons durant des heures. L’individu qui a imaginé cette stratégie doit être un pur escroc. Dans son dos, la petite voix en a profité pour tenir le crachoir : « Tu mets ton ensemble pantalon ou ta petite robe noire ? Tu as bien imprimé la dernière version du projet ? Et défends bien ton idée ! Je te connais, tu ne t’imposes pas assez ! Si tu flippes, tu l’imagines tout nu, il parait que c’est infaillible ...»

Quand le réveil a sonné, elle venait de s’endormir…

 

Louis sursaute quand il remarque sa mine inquiète.

-       Je vois beaucoup de fantômes dans vos yeux, Madame ! 

Troublée, Emma fait mine de froncer les sourcils. C’est vrai qu’il voit juste, Louis, il voit jusqu’au au bout du cœur. Il voit que sa mère lui manque en ce moment. Sûr qu’elle la réconforterait, lui dirait « Vas-y, ma chérie, tes créations vont rendre leur dignité à des femmes. Je suis tellement fière de toi ! » Et son père, s’il était un vrai père, il lui enverrait un petit message d’encouragement. Les mots, ça permet d’effacer des pages d’Histoire…

                                                     

On la croirait sortie d’un écran de cinéma avec sa petite robe noire à col rond, son turban citron, ses escarpins noirs et son grand sac à main orange. Tout en elle respire audace et élégance. 

Avant de partir, Louis lui a dit :

-       Madame, vous me voyez tout étourdi devant tant de beauté. Je chancelle, Madame, je vacille ! 

Elle a détourné le regard, comme intimidée devant pareil aveu. Faut dire que la vie ne l’a pas habituée à être le rayon de soleil de quelqu’un.

 

Il y a du monde sur le quai du métro. Ça va, ça vient, ça se croise sans un mot, ça pianote sur son smartphone, ça consulte sa montre, ça fouille dans son sac, ça fait les cent pas, ça fixe le sol, ça se tortille sur place, ça jette des regards furtifs puis ça se referme sur soi. Ça pue la solitude et l’indifférence. 

Au milieu de ce décor, Emma. Dans ses mains, un dossier: le plan détaillé de sa collaboration avec l’hôpital. On pourrait la prendre pour une mannequin, une artiste, une étudiante, une femme d’affaires. Elle est tout à la fois. 

Ses lèvres remuent discrètement, ses yeux voyagent de ligne en ligne, son index tourne les pages à la cadence d’un métronome dans un brouhaha constant. 

La petite voix se fait confiante : «  Tu vas aller loin, Emma, je le sens… »

Emma sourit discrètement. Elle est prête. 

 

A l’atelier, tout est calme, tout est trop calme sans Emma dans les parages. 

« Ce silence est si parfait qu’il en devient suspect » s’entend dire Louis. Ce matin, il semble inquiet, il ne se reconnait pas. Il voudrait tant être une petite souris et être aux premières loges dans le cabinet du directeur. 

« Que le docteur Martin s’avise de rejeter le projet de Madame et je m’enflamme aussitôt ! » dit-il en pointant du doigt. 

La petite Emma, c’est sa muse, son soleil, sa fontaine de jouvence. 

Qui serait-il sans elle ? Une trace du passé, un objet d’art traînant sur un étal au marché des antiquaires. Un point c’est tout.   

 

Le métro s’annonce. Emma referme son dossier comme on referme un chapitre. Il est 9h 11. Elle sera à l’heure au rendez-vous. 

Elle monte dans la dernière voiture, suivie par une foule de navetteurs qui se transforment rapidement en sardines dans l’allée centrale. 

Son regard se pose sur une jeune maman qui porte son bébé en bandoulière. Un jour, quand elle aura réalisé son rêve, elle sera cette femme-là.

Lorsque le métro quitte la station, un grondement sourd monte, suivi du ronronnement régulier des wagons sur les rails. Une berceuse écrite pour les navetteurs. Puis, sans prévenir, un cri déchire la rame. Panique. Une détonation. Fracas. Des flammes. Une chaleur féroce. Des corps et des morceaux de métal s’enchevêtrent dans une fumée âcre. L’apocalypse. Un silence sidéral. Puis des gémissements. Puis plus rien.

Un smartphone s’époumone au milieu des ruines. Il hurle tous les espoirs d’Emma : 

« Mademoiselle, c’est Georges… Bonne nouvelle ! Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles ! Monsieur Pasquier, votre père, a effacé toutes traces de découvert. Vous voilà partie pour une nouvelle vie, mademoiselle ! »

 

FIN

 

Colette

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         

                                                                         

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

9 commentaires:

  1. Bonjour Colette,

    J'ai relu ta nouvelle avec tellement de bonheur ! Tout y est : une belle écriture où parlent des images justes, une intrigue autour de la situation financière inquiétante d'Emma, et surtout le lien qui se tisse entre deux femmes bouleversées et qui se soutiennent. Le miroir est un vrai personnages qui joue un rôle positif, il incite Emma à prendre confiance en elle, au point que la dureté de son père, un souvenir douloureux, est transformée en atout. Une leçon de vie.
    Emma s'engageait sur une nouvelle vie, elle ne sera pas celle qu'elle imaginait mais au moins elle est partie heureuse et aura aidé quelqu'un à vivre la sienne.
    N'y

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  2. N'y aurait-il pas un concours où tu pourrais proposer ta nouvelle ?
    Bravo, Colette, c'est une réussite !

    Marie-Claire

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  3. Bonjour Colette,
    En lisant avidement ton texte, je trouve qu'il a pris de l'ampleur, de la délicatesse, du sentiment. C'est l'impression qu'il donne à présent.
    Belle présence de Louis, enfin, du miroir, reflet de toutes les angoisses et des espoirs aussi.
    Une histoire remarquable, au ton agréablement badin malgré la situation proche de la faillite, efficacement en contraste avec la fin terrifiante, qui nous laisse pantois !
    Pour la lecture, j'aimerai le premier texte, "Flânerie" qui donne bien le ton...
    Encore une fis, j'ai adoré suivre les affres d'Emma et les partager bien sûr.
    Bravo.
    Bien à toi,
    Jan.
    Encore merci pour tes commentaires avisés.

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  4. Bonjour Colette et merci pour ce moment de lecture dynamique, humoristique , tendre, ciselé, surprenant... et la liste est encore longue... Le miroir a une vraie place dans ton histoire et la fin est tout à fait inattendue. J'aime les citations dont tu parsèmes ton texte et que tu mets dans la bouche de tes personnages. Une vraie de vraie belle réussite !
    Je choisis "Flânerie".
    A bientôt,
    Cathy

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  5. Bonjour Colette,
    Je relis avec bonheur toute ta nouvelle sous tendue par beaucoup d'humanité et un bel éventail d'émotions où la pudeur le dispute à la profondeur des ressentis particulièrement des 2 femmes, Zoé et Emma mais aussi de Louis XV, un miroir plus qu'humain.
    Avec lui, la petite voix, les différents objets dans l'atelier dont le tiroir et la plume de paon, le silence lui aussi donne de la voix pour dire ce que les mots n'osent dire.
    Quel terrible destin que celui d'Emma !
    Tous les textes mériteraient d'être lus publiquement mais j'ai au moins 3 coups de cœur : Flânerie, La magicienne ou La petite robe noire.
    Dans La magicienne, après le petit dialogue qui suit le moment où Zoé laisse glisser son foulard : Des larmes silencieuses coulent en silence le long de son visage défait ; je supprimerais "en silence".
    Bravo pour l'ensemble !
    Gisèle

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  6. Bonjour Colette,
    C'est une belle nouvelle. Chapeau bas Madame. J'ai bien aimé la présence de Louis et le reste pour ne pas dire tout / le rythme, les personnages le côté créatif avec les plumes ,les accessoires etc .
    Seulement voilà il faut choisir pour moi entre la magicienne : super texte qui met en valeur le pouvoir de création d'une modiste et l'impact que cela a sur la santé mental de ZOE. Flâneriela petite robe noire je ne sais pas trancher !
    Bravo .

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  7. La psychologie de tes personnage est bien traité avec tact et délicatesse. Tu parles de maltraitance psychologique , maladie, problème d'argent mais sans alourdir le texte. Superbe!
    Beau scénario pour un film.
    Merci.
    Nadera

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  8. Bonjour Collette
    L'ensemble de cette nouvelle est , certes cohérente, mais surtout, est pleine de douceur, de douleur et de doutes. Sur la vie et donc, la mort. Quelle chute réussie! mais ces trois "d" traversent ta nouvelle, nous renvoie à nous-même ce qui , en ce qui me concerne, est un des buts d'une nouvelle (chacun son "truc"). L' écriture est touchante, riche, tendre; et ça dans un rythme qui trouve ça route. Et comme dit Nadéra, tu touches pas mal de thèmes délicats.
    Si La Magicienne me semble être la plus adaptée, la flânerie retire également mon attention.
    Encore merci
    Patrick

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  9. Bonjour Colette,

    Qu’ajouter à l’enthousiasme de tes lecteurs que je partage amplement. Lue d’un trait, ta nouvelle est encore plus envoûtante. Une écriture superbe, un personnage attachant partagé entre le surmoi impitoyable de la petite voix et l’énergie vitale du miroir qui lui permet d’avancer et de réussir. Et l’uppercut final. Le lecteur est abasourdi, révolté.
    Juste un détail : au fil des chapitres Louis appelle « Emma » tantôt « Mademoiselle » tantôt « Madame ». Il faudrait unifier. Perso, je trouve que Mademoiselle » reflète mieux le rapport paternel qu’il entretient avec elle. Mais comme il y a aussi respect et admiration de sa part « Madame » se justifie également.
    D’accord avec Marie-Claire : si tu as l’occasion de l’envoyer à un concours, n’hésite surtout pas. Tu pourrais même penser à un recueil de nouvelles, avec les perles qui dorment dans tes tiroirs.
    Pour la lecture-spectacle, les avis sont partagés entre « Flânerie » et « La Magicienne ». A toi de décider.
    Bien à toi,
    Liliane

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Bonjour, Qui peut me dire pourquoi la photo insérée dans l'ensemble de mon texte ne veut pas apparaitre dans mon copié-collé?  Comment f...